Fils bien-aimé, proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, encourage mais avec patience et souci d’instruire. (2 Tm 4, 2)

Philippe (@phorterb)

vendredi 27 mai 2016

Pourquoi j’ai séché la porte de la miséricorde




Le jubilé de la miséricorde voulu par le Pape François bat son plein. Nous baignons dans un univers de pénitence, de péché, de culpabilité, de repentance, de contrition et même de honte(1). Comme récitaient autrefois les plus anciens d’entre nous en se frappant la poitrine : c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute. Dans un récent bulletin de la paroisse Notre-Dame de Versailles, j’ai même soudain découvert le curieux concept d’indulgence plénière. Même si nous avons obtenu l’absolution de nos péchés par la confession, les conséquences de nos péchés font comme des entraves à notre communion avec Dieu, c’est pourquoi elles doivent être levées. C’est ce que l’Église appelle le Purgatoire, la purification de l’âme dans le but de voir Dieu. L’indulgence plénière permet d’adoucir l’épreuve purgative en enlevant déjà les barrières qui entravent la capacité à voir Dieu. Passons sur la terminologie. Je crois comprendre en gros de quoi il s’agit, même si je ne suis qu'une âme simple. Transposé dans le domaine juridique, on pourrait dire que, si la confession permet d’obtenir la relaxe au pénal, l’indulgence plénière permet de limiter les conséquences de la procédure civile et donc de réduire le montant les dommages et intérêts. Je me demande si Dieu, qui est tout amour, peut vraiment se montrer aussi procédurier. Quelle est la réaction du père au retour du fils prodigue (Luc 15, 11) ? Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers (Lc 15, 20). Le père n’a pas envoyé un serviteur dire à son fils : « je te pardonne mais tu ne pourras toutefois reparaître devant moi que lorsque tu auras tout remboursé ». En l’espèce, notre Sainte Mère l’Église semble curieusement adopter le parti du fils aîné. En tout cas, son discours catéchétique abscons dans les termes, comme désinvolte sur le fond, ne clarifie pas l’esprit du pauvre paroissien de base que je suis. Le point de vue de Mgr Thomas(2), évêque de Versailles de 1988 à 2000, me paraît plus pertinent. Il relève que l'Église a pris le risque de soumettre les péchés véniels à la confession, en ajoutant : Je constate que ce risque ne fut pas illusoire et que, de même qu'en généralisant l'idée de péché on pouvait le banaliser, de même en généralisant abusivement la pratique du sacrement de pénitence on pouvait la banaliser et aboutir à son abandon. Il dit encore qu'il faut éviter de voir le péché partout : c'est une manière finalement dangereuse de banaliser ou ridiculiser ce que Dieu nous demande vraiment de respecter.

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1 - Il est bon que celui qui se confesse ait honte de son péché : la honte est une grâce à demander, c’est un facteur positif, parce qu’elle nous rend humbles.
Le nom de Dieu est Miséricorde - Pape François - Robert Laffont - 2016 - Page 49

2 - Je crois en Dieu - Jean-Charles Thomas, Évêque de Versailles - Centurion - 1989, pages 111 et 112

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