Fils bien-aimé, proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, encourage mais avec patience et souci d’instruire. (2 Tm 4, 2)

Philippe (@phorterb)

mardi 6 septembre 2016

La confession

Au cours de ces dernières décennies, le sacrement de pénitence, de réconciliation, de pardon, la confession, peu importe le packaging, est tombé dans une désuétude allant de pair avec le rejet d’une tendance trop souvent culpabilisante de l’Église. La confession renaît aujourd'hui de ses cendres en surfant sur la vague du jubilé de la miséricorde et de son cortège de pénitence, de péché, de culpabilité, de repentance, de contrition, voire de honte... Ces effets de mode ne sont que l'écume des vagues. Reste que beaucoup de fidèles restent devant la confession comme une poule devant un couteau. La confession est pourtant l'évolution naturelle de l'examen de conscience, même si nous avons déjà touché du doigt toute la fragilité d'une telle introspection.



J'ai posé un acte qui ne me fait pas honneur et je tiens cet acte pour une erreur que je n'envisage pas de renouveler. Ces deux conditions doivent être remplies pour que je puisse confesser un péché, car mon être rationnel, cohérent par nature, ne me permet pas de regretter un acte tout en prévoyant de le répéter. Un choix s'impose : ou bien l'acte que j'ai posé était légitime, ou bien je ne peux pas envisager de le poser à nouveau. L'un exclut l'autre, à moins que l'acte ne s'inscrive dans des tendances compulsives ou addictives. Dans ce cas, la logique de l'acte isolé cesse de s'appliquer. Si je suis alcoolique, il est absurde d'aller m'accuser d'avoir bu un verre de trop et d'afficher la résolution (perdue d'avance) de ne plus boire. L'éventuel péché n'est pas ici d'avoir bu. Mais ce pourrait être, par exemple, de refuser une cure de désintoxication... Chacun pourra transposer cet exemple dans le domaine qui le concerne. Mais ne confondons pas le péché et l'épreuve : souffrir de l'alcoolisme (ou d'une autre addiction) n'est pas un péché, c'est une épreuve.

Au-delà de la question relativement simple des actes posés, se profile celle, autrement plus abtruse, mais aussi plus intéressante, des actes non posés : le fameux péché par omission. Il y a là un gisement inépuisable de matière première pour meubler nos confessions ! Mais le véritable enjeu n’est-il pas plutôt d'ouvrir des perspectives vers l'action future ? Il est infiniment plus stimulant de se mobiliser pour bâtir des projets que de se lamenter sur ce qui aurait dû être fait.

Restent les broutilles, dont il a déjà été question à propos de l'examen de conscience : non seulement il est inopportun de confesser les broutilles mais le faire est déjà en soi un péché car qu'est-ce d'autre que la proclamation de notre propre perfection ? Confesser des broutilles laisse en effet implicitement entendre, qu’à l’exception de ces menues fadaises, nous serions bel et bien parfaits !

Ce qui précède ne va peut-être pas assez dans le sens de la pratique fréquente de la confession telle que nous la recommande aujourd'hui l'Église : encore une fausse note de ma part ! Mais autant je crois que nous devons assumer pleinement nos responsabilités, autant je reste en opposition avec l'esprit de repentance systématique à propos de tout et de n'importe quoi, dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles à l'envi.



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