Fils bien-aimé, proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, encourage mais avec patience et souci d’instruire. (2 Tm 4, 2)

Philippe (@phorterb)

mardi 22 novembre 2016

Quelle liberté de conscience dans l’Église ?


Un acte ne peut être qualifié de bon ou de mauvais que sous le double éclairage de l’éthique de conviction et de l’éthique de responsabilité. Les conséquences prévisibles de nos actes peuvent donc parfois justifier de transgresser les règles. Cf. article de juin 2016 : Le discernement. Je me suis forgé cette solide conviction, il y aura bientôt 25 ans de cela, sur la base d’une formation à l’éthique des affaires suivie au Centre Sèvres et donnée par un jésuite éminent, le P. Jean Moussé. Peu de temps après, sous la signature de Jean-Paul II, a été publiée l’encyclique Veritatis splendor qui traitait de quelques questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église et qui disait en gros le contraire de ce que j’avais appris : quelle que soit la bonne intention, il y a des actes intrinsèquement mauvais. Par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, ils sont toujours gravement illicites en raison de leur objet (80/1). Le rôle de la conscience se trouve alors réduit à un jugement pratique sur la conformité d’un comportement concret à la loi (59/2). L’encyclique dénonce toute forme d’interprétation créative de la conscience morale. Tuer Hitler aurait donc été un péché mortel… Plus récemment, l’exhortation post-synodale Amoris laetitia du Saint-Père François, sans remettre en cause aucune position doctrinale de l’Église, suggère la possibilité d’une interprétation plus nuancée des situations et dénonce dans son introduction la prétention de tout résoudre en appliquant des normes générales ou bien en tirant des conclusions excessives à partir de certaines réflexions théologiques (2). Le 14 novembre dernier, quatre cardinaux apparatchiks ont mené publiquement la fronde contre ce texte qui, à leurs yeux, est en contradiction avec l’encyclique Veritatis splendor. Il est intéressant, quoi que l’on puisse en penser, de prendre connaissance de leur message : Cinq questions sur les points controversés. Le paroissien de base, que je suis, pourrait se sentir déstabilisé par ces divisions au plus haut niveau de l’Église car elles portent sur des points essentiels de la doctrine morale catholique. Fort heureusement, le Saint-Père garde le cap avec une détermination et une sérénité de bon aloi. Le journal La Croix, dans son numéro du 18 novembre, rapporte un entretien qu’il a accordé au journal italien Avvenire. Les propos du Pape François me rassurent et me font du bien : Quelques-uns – pensez à certaines réponses à Amoris laetitia – continuent à ne pas comprendre, c’est soit blanc soit noir, alors que c’est dans le flux de la vie qu’il faut discerner. C’est ce que nous a dit le concile (...) On voit immédiatement que certains rigorismes découlent d’un manque, d’une volonté de cacher dans une armure leur triste insatisfaction. Si vous regardez le film « Le Festin de Babette », on y voit ce comportement rigide.
Ce message informel est confirmé par la lettre apostolique Misericordia et misera que le pape François a signé le 20 novembre 2016 à l’occasion de la clôture du jubilé de la miséricorde : Même dans les cas les plus difficiles, où l’on est tenté de faire prévaloir une justice qui vient seulement des normes, on doit croire en la force qui jaillit de la grâce divine.






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