Fils bien-aimé, proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, encourage mais avec patience et souci d’instruire. (2 Tm 4, 2)

Philippe (@phorterb)

vendredi 13 janvier 2017

Combattre le mal avec Martin Steffens

Dieu ajoute, à toutes nos fausses notes, la note qui les assemblera toutes en un accord final.


Au fil de ce blog, il m’est arrivé de ronchonner, de m'agacer. J’ai dénoncé pas mal de choses qui m’irritent ou que je ne comprends pas, le plus souvent au sein même de l’Église. J’ai eu des mots sévères pour cette Église au discours culpabilisant, à la justice normative, qui porte l’image d’un Dieu procédurier. J’ai dénoncé un discours catéchétique abscons dans les termes, comme désinvolte sur le fond. Le catéchisme de l’Église catholique ! Le catéchisme des évêques de France ! Des normes, toujours des normes ! Heureusement que le pape François y met un bémol lorsqu’il nous dit que, dans les cas les plus difficiles, où l’on est tenté de faire prévaloir une justice qui vient seulement des normes, on doit croire en la force qui jaillit de la grâce divine(1). Ce pape, Dieu sait à quel point il m’inspire respect et profonde gratitude pour avoir entrepris la réparation de notre Église malade. Il n’a pourtant pas échappé à quelques remarques acides de ma part, notamment lorsqu’il entendait nous faire vivre dans la honte ce que je tiens pour des excès de repentance. Pire que tout cela, au cœur même de la foi chrétienne, j’ai avoué mes vertiges et mon angoisse face à l’immense mystère de la Passion de Jésus. Et je me suis encore agacé de certains intellectuels qui se montrent incapables de nous aider. Ceux-là se complaisent dans une érudition stérile. Ils se cachent derrière un jargon incompréhensible et noient leurs arguments de pacotille dans la complexité de leur discours.

Martin Steffens(2) n’est certes pas de ceux-là. Il est philosophe et déroule une pensée parfaitement rigoureuse dans un beau langage clair et à la portée de tous. Il parle et écrit pour nous aider et non pas pour nous en mettre plein la vue. Dans son dernier ouvrage(3), il vient au secours de mes aigreurs et de ma mauvaise humeur, bref de tout ce que j’appelle mes fausses notes, celles d’où provient le nom (La Fausse Note) de mon blog, car il dit : Dieu ajoute, à toutes nos fausses notes, la note qui les assemblera toutes en un accord final.(4)



Ainsi trouverez-vous peut-être dans ces pages une flèche à décocher à l’un des démons qui vous gâchent la vie, écrit Martin Steffens dans son avant-propos. J’y ai trouvé plusieurs flèches à cet usage et même l’arc et le carquois ! Combattre le mal que l’on porte en soi est infiniment plus efficace que de dénoncer le faux pas (ou la fausse note) chez autrui. L’idée n’est pas nouvelle mais l’on trouve ici des arguments assez décisifs pour vouloir passer à l’acte. L’ouvrage est trop dense pour se laisser résumer sans perte de substance. Un seul conseil : lisez-le, lisez-le absolument ! À sa lecture, la compréhension du mystère de la Passion de Jésus progresse, l’amour prend sens, la relation entre psychisme et spiritualité est clarifiée, la confiance accordée à la vie est réparée, un dialogue intérieur s’ouvre. À sa lecture, je m’interroge sur le bien fondé de telle ou telle de mes prises de position, je suis conduit à enrichir ou à nuancer certaines convictions personnelles. Ne devrais-je pas alors songer à revisiter, amender ou compléter certains articles de ce blog, notamment tout ce qui concerne la vraie nature du péché, le discernement, l’examen de conscience, la confession ? Je mesure soudain à quel point mon esprit est altéré par une perte de confiance dans le monde, hélas précocement contractée. C’est de là que provient mon incapacité à me reconnaître offensé (cf. La vraie nature du péché) : l’autre, s’il m’offense, ne fait que se conformer à l’image que j’ai de lui. Pourquoi m’en chagriner plus que de la pluie, de la neige ou du vent ? De là provient également mon penchant à la présomption : si je ne peux accorder aucune confiance à l’autre (à l’exception tout de même de quelques happy few), je ne peux plus avoir confiance qu’en moi seul… Si je pose tout cela sur la table, ce n’est pas par exhibitionnisme malsain mais uniquement comme clé de lecture de ce blog.
Priez pour moi !

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L'ouvrage présenté par le père Gaultier de Chaillé - @Gdechaille - sur Padreblog (décembre 2016) : vidéo (2' 27")

Sur Aleteia : Êtes-vous capable de reconnaître le mal qui est en vous ? par Louise Alméras (décembre 2016) : article

Journal La Croix : article de Frédéric Mounier (juillet 2016)

Conférence de Martin Steffens à l'OCH sur le thème Dans l'épreuve, aimer la vie (mai 2016) : vidéo (1h 40' 29")
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1 - Lettre apostolique Misericordia et misera
2 - Un grand merci à @padreblog et @Gdechaille grâce à qui je l’ai découvert
3 - Rien de ce qui est inhumain ne m’est étranger - Éloge du combat spirituel - Points 2016
4 - Pages 103 et 104




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